On évite ici, l’écueil d’un rapprochement fallacieux entre deux initiateurs des plus grands courants du XXe siècle, prétexte à une énième exposition Picasso. Celle-ci s’inscrit néanmoins dans le cadre de la saison « Picasso Méditerranée 2017-2019 » initiée par le Musée national Picasso-Paris dont le Président Laurent Le Bon admet l’éventuelle lassitude : « Ah, encore Picasso ! Pourtant une exposition comme celle-ci ne sera jamais réitérée car elle est exceptionnelle. En effet, la mise en parallèle des œuvres de Picasso et Picabia est une démarche muséale inédite. Le propos scientifique du commissariat d’Aurélie Verdier et Bruno Ely produit une moisson d’informations sur les thématiques, les influences, les techniques et les amitiés communes, et la richesse documentaire est remarquable (archives, notes, manuscrits, correspondances, photographies et revues). En auscultant à la loupe leurs similitudes et leurs différences, leurs cheminements respectifs, leurs points de jonction et d’achoppement, l’exposition interroge : lequel des deux était le plus subversif, le plus libre, le plus incisif ? Leur rivalité était-elle une posture ou la réalité ? Et questionne plus largement leur vision de la peinture dans la première moitié du XXe : était-elle vouée à mourir ? Si Picasso a cru en elle toute sa vie, Picabia en a douté.