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Photo du rédacteurCorinne Théret

GEOGES GUYE A SYLVACANE - Sculptures & Paysages - Mars- avril 2018 - Abbaye de Sylvacane - La


On dit de ses sculptures qu'elles semblent prises sur le vif comme un instantané à jamais figé comme le fait le photographe G Guye, utilise souvent le plâtre, ce matériau "ingrat" très difficile à utiliser pour les artistes.

Mais les reliefs , la patine obtenue correspondent au "climat du sud" où la magie de la création de ce remarquable sculpteur opère...

Une interview d' Alain Paire pour Zibeline


L'exposition présente des oeuvres de différentes séries . Ici

PAYSAGES ​

LES LUTTEURS

Pour réaliser les reliefs des seize scènes de plâtre qui composent sa série des Lutteurs , Georges Guye a scrupuleusement reconduit les descriptions et didascalies de Giono. Dans ses plans rapprochés et dans quelques-uns de ses effets de grossissement, on retrouve les feintes, les appuis, les étreintes, les rebondissements et les soudaines ténèbres de la narration antérieure. Ses combattants entament d'impitoyables mouvements, échangent des frappes, des manchettes et des coups de boule meurtriers. Ils sont trapus, torses nus et cheveux courts. Ils n'ont rien de juvénile, on perçoit leurs différence d'âge et de taille. Dans leurs apparitions, la dimension épique s'absente. Les corps modelés par Georges Guye n'appartiennent pas aux légendes déployées par Jean Giono, qui pouvait songer en face de la chevelure de ses protagonistes au cimier d'un casque d'or, comme on en voit dans des portraits composés par les ateliers de Rembrandt. Pas de passion, point d'attachement entre ces deux êtres qui s'entretuent sourdement : les bouches et les bras qui s'ouvrent visent l'étouffement de l'adversaire. Dans les morphologies de ses personnages, parmi les traits et les empâtements des visages, Guye retrouve des archétypes méditerranéens induits par Giono, mais ne donne pas d'emprise aux mélancoliques secrets qui s'entremêlent à l'intérieur du roman. Dans les grillages et les bandes plâtrées de cette redoutable série un moment de prose s'effectue, sans recours ni bavure. Il ne s'agit pas d'une compétition avec ses moments de prouesse et de panache, ce n'est certes pas non plus une ordalie. Une syncope sèchement moderne, une question de vie ou bien de mort se profilent durement. Les séquences de ce théâtre muet ne rencontrent pas de coryphée ni de spectateurs. Ces hommes sont requis par ce qui les occupe : ils ne sollicitent pas le regard d'autrui, ils ont pout ring et pour socle des dalles ou bien l'encoignure d'une ruelle sans nom. La victoire de l'un ou l'autre des protagonistes demeure indécise, un moment de soudaine bascule reste imaginable.

ALAIN PAIRE


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